YARA-MONTOIR : enfin des mesures !

Cela fait des années que l’Usine Yara de Montoir pollue allègrement air et eau au mépris des normes, des rappels à l’ordre des autorités et des mises en demeure.
Changement de ton à la sous Préfecture de Saint-Nazaire, le Sous-préfet Michel BERGUE vient de prendre des arrêtés assortis d’amende et d’astreintes financières

L’usine Yara de Montoir produit des engrais pour l’agriculture industrielle. Installation classée "Seveso seuil haut", elle piétine les normes environnementales fixées par son autorisation d’exploitation datant de 2003.

En octobre 2019 la Préfecture met en demeure l’entreprise de se doter d’un système de traitement des eaux industrielles, qui sont rejetées quasi directement dans la Loire qui borde le site depuis... l’origine de l’installation. La première demande en ce sens datait de 2012, où la préfecture avait fixé comme condition de poursuite de son exploitation la mise conformité de ses rejets aqueux. Il aura fallu 7 ans entre la première demande, et la première mise en demeure pour tenter que l’industriel respecte la loi. En mars 2020 une inspection de la DREAL (la "police" de l’environnement) constate qu’une fois encore rien n’a été fait.

Dans un arrêté du 19 juin 2020, le sous-préfet prend enfin la décision de mettre Yara sous astreinte financière de 300 euros par jour jusqu’à la production d’un bon de commande de la station d’épuration des eaux requise.

C’est sans doute un peu tard, mais cela nous change des mises en demeure sans conséquences qui prévalaient jusqu’ici.

Et ce n’est pas tout

La même inspection de mars a constaté un certain nombre de dépassements des rejets en Loire des eaux industrielles comme des eaux pluviales, contenant de l’azote et du phosphore (facteur d’eutrophisation (développement des algues et particulièrement d’algues vertes) en décembre 2019 . Cette question faisait l’objet d’une mise en demeure datant elle de 2011... Cette fois compte-tenu des dépassements constatés sur 21 jours, la Préfecture adresse une liquidation d’astreinte journalière (une amende) d’un montant de 3500 euros à l’industriel.

Et ça ne manque pas d’air

Coté rejets atmosphériques Yara n’est pas en reste : les concentrations de poussières des rejets dépassent largement les normes fixées dans l’arrêté d’exploitation, ainsi que le pH (l’acidité) des effluents bien supérieur aux normes édictées...

La Préfecture se fâche donc une fois encore, et met Yara en demeure de produire sous un mois le lancement d’une étude sur la filtration de ses rejets atmosphériques, et sous 7 mois la commande d’un système de traitement des effluents avant rejet dans l’air.
Espérons qu’il ne se passera pas encore plusieurs années avant que l’entreprise soit sanctionnée financièrement si elle décidait une fois de plus de s’affranchir des lois environnementales.

Vers une exemplarité des industriels ?

Seule la loi du profit guidant les politiques industrielles, nous disons depuis plusieurs années que sans contraintes financières pour faire appliquer les lois, nous doutions de la vertu des entreprises. Les sanctions contre Yara auront elles une influence sur le comportement des autres pollueurs de l’Estuaire ?
Nous l’espérons bien sûr, mais sans naïveté. Le cas Yara est la cible facile sur laquelle tout le monde tire depuis quelques temps. Distinguée par un prix Pinocchio par les amis de la terre en 2020, Yara qui a valeur de mauvais cheval de l’écurie économique locale, ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt des impunités et des passe-droits au nom de l’emploi et de la croissance économique.

Mais en tous cas l’on comprend mieux les déclarations menaçantes de David Samzun maire de Saint-Nazaire et président de la Carène à l’encontre du producteur d’engrais ces derniers jours.

Toujours du côté du manche Monsieur Samzun pouvait sans risque dénoncer un industriel véreux sachant qu’il était stigmatisé par la Préfecture, lui qui jusque là s’était toujours montré très révérencieux pour ses partenaires économiques locaux. S’il veut quelques nouvelles cibles à mettre sous la critique de l’infraction aux lois environnementales, qu’il nous demande, nous avons quelques références à lui fournir.

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Yara Astreinte 300 €
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Yara liquidation 3500 €
Posté le 2 juillet 2020

à signaler un remarquable article sur la pollution de Yara en toute impunité sur le site Médiacité, datant de décembre 2018. :https://www.mediacites.fr/enquete/nantes/2018/12/06/pres-de-saint-nazaire-lusine-yara-pollue-impunement-depuis-une-decennie/

en pièces jointes les arrêtés préfectoraux du 19 juin 2020 à télécharger en pdf.

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