Réponse n° 1 : Lutte Ouvrière (Eddy Le BELLER) reçue le 6 mars

Bonjour,

Nous avons bien reçu votre courrier et nous partageons vos inquiétudes quant à la dangerosité d’un certain nombre de production à proximité immédiate des habitations.

En fait aucune industrie polluante, dangereuse pour la santé, ne devrait être tolérée, même en dehors des zones habitables. Car, même dilués dans l’espace les rejets restent nocifs et de toute façon les salariés de l’entreprise y restent exposés. Et c’est d’autant plus scandaleux que les progrès scientifiques permettent en général de traiter efficacement les rejets pour les rendre inoffensifs.

Mais, l’industrie, comme toute l’économie est soumise à l’impératif du profit des actionnaires. Dans le système capitaliste, l’investissement n’existe que s’il permet de ramener un profit. Et toute précaution supplémentaire se fait au détriment de ce profit qui passe avant toute autre préoccupation pour ceux qui ont le pouvoir.

Concernant ce problème, je vous cite la réponse (en 600 signes imposés !) que j’ai faite à une question d’Ouest France (à paraître prochainement) qui était : Comment résoudre le paradoxe nazairien d’une ville où il fait bon vivre mais moins bon respirer ?

Depuis 11 ans que le préfet lui a respectueusement demandé de traiter ses déchets, l’usine Yara n’a jamais cessé de déverser ses poisons directement dans la Loire et dans l’air ! Pour la direction de l’entreprise, la priorité c’est de verser tous les ans leurs dividendes aux actionnaires (ce qu’elle a fait), pas de respecter la réglementation (pourtant peu exigeante). Et cela en toute impunité. Cet exemple est la norme : les vrais maîtres de la société sont les gros actionnaires. Ils commandent au préfet comme aux ministres. Pour bien vivre, il faudra mettre fin à la dictature du grand capital.

Nous aurions pu prendre l’exemple de votre combat, qui montre que les ministres montent au créneau pour défendre la pollution contre la population. Mais l’exemple de Yara montre que ce genre de situation peut prospérer pendant des années, et que les pouvoirs publics laissent faire, même quand la dangerosité est établie et admise par eux, ce qu’ils nient toujours dans votre cas.

Pour nous, ce n’est pas l’industrie qui est en cause. C’est l’industrie qui n’obéit qu’à la volonté de faire du profit à tout prix. Bien sûr, même débarrassé de la dictature du capital, bien des problèmes resteront à résoudre. Mais ils pourront l’être entre individus qui recherchent des solutions susceptibles de satisfaire la collectivité. Aujourd’hui, nous devons nous battre en permanence contre les maîtres du monde qui ne cherchent qu’à accumuler du capital quelles qu’en soient les conséquences pour le reste de la population.

C’est la raison pour laquelle la seule promesse que nous pouvons vous faire c’est d’être solidaire de votre combat, qui est nécessaire, mais qui sera toujours à recommencer tant qu’on n’aura pas arraché le capital des mains de ceux qui mettent le monde en coupe réglé.

Recevez mes cordiales salutations de communiste révolutionnaire
Le 6 mars 2020,
Pour la liste Lutte ouvrière à Saint-Nazaire
Eddy Le Beller

Posté le 10 mai 2020
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