Voici un communiqué de presse de notre association à propos de la pollution à l’arsenic de puits de Méan-Penhoët diffusé le 21 septembre.
Malgré nos alertes depuis juillet, aucune information de la population sur les risques afférents et les mesures de précaution nécessaires n’a été réalisée par l’agence régionale de santé, la Préfecture ou la municipalité.
A notre connaissance aucune investigation n’a été menée pour évaluer l’étendue des dégâts sur le quartier comme sur l’agglomération.
Combien de personnes ont rempli la piscine de leurs enfants ou arrosé leur potager cet été avec de l’eau impropre à ce type d’usage selon l’Agence régionale de Santé ? Sans parler des habitations dont l’alimentation en eau est assurée par puisage ! Pendant combien de temps vont-elles continuer à le faire ?
Méan-Penhoët : L’Arsenic en plus du Chrome VI
Un arrêté préfectoral du 16 mars 2023 révèle qu’une importante pollution des sols et des eaux souterraines, notamment en métaux lourds, a été constatée au premier semestre 2022 à l’occasion du projet “Pôle Sud intégré” des Chantiers de l’Atlantique
Selon cet arrêté, ces pollutions concernent aussi l‘extérieur du site. Ainsi elles peuvent “présenter des dangers ou des inconvénients soit pour la commodité du voisinage, soit pour la santé, la sécurité, la salubrité publiques, soit pour l’agriculture, soit pour la protection de la nature, de l’environnement et des paysages...” [1]
En dépit de cela, l’arrêté préfectoral n’a pas demandé d’investigations hors site à l’exploitant.
Un recensement des points d’eau a cependant été fait [2] et curieusement, la recherche des puits privés a été “effectuée en restant sur les voies publiques” (sic). On comprend aisément pourquoi elle a été infructueuse !
Notre association aurait aimé que la Préfecture impose à l’exploitant de consacrer une infime partie de ses bénéfices à faire des mesures dans un certain nombre de puits privés qui existent et qui sont bien entendu situés en dehors de ces voies publiques.
C’est donc nous qui avons du prendre en charge et financer l’analyse des eaux de deux puits privés de notre quartier, situés à 700 m à vol d’oiseau l’un de l’autre.
- La vérité sort du puit....
Les résultats sont particulièrement inquiétants. Dans les deux puits il a été relevé une concentration en Arsenic de 100µg/litre soit 10 fois la valeur limite pour l’eau potable !
Nous avons aussitôt alerté nos élus et aussi l’ARS (Agence régionale de santé) à laquelle nous avons demandé quelle était la conduite à tenir et quelles recommandations elle pouvait nous faire.
La réponse de l’ARS, le 23 août, a été la suivante :
« L’eau des 2 puits présentent (sic) tous deux -comme vous l’indiquiez- une teneur en arsenic de 100 µg/l, 10 fois donc supérieure à la limite de qualité des eaux destinée à la consommation humaine.
Nous notons que le laboratoire qui a procédé aux analyses ne bénéficie pas d’une accréditation COFRAC pour les analyses des eaux destinées à la consommation humaine
Néanmoins, au vu de cette teneur mais aussi de la contamination microbiologique, l’eau des 2 puits doit être considérée comme impropre à la consommation, la préparation des repas, ou encore l’hygiène corporelle.
Nous recommandons également d’éviter d’utiliser les eaux extraites de ces puits pour le remplissage des piscines et l’arrosage des potagers. »
Nous n’avons jamais pensé que le merlon qui nous sépare de la zone industrialo-portuaire était un obstacle suffisant pour empêcher les fumées cancérigènes de se propager dans notre quartier.
Nous venons donc d’apprendre que nous étions aussi impactés « par le bas » puisque les eaux de nos puits sont gravement polluées à l’arsenic.
Ainsi dans l’urgence nous réclamons immédiatement :
- Que les services compétents informent largement la population nazairienne des risques et des recommandations à suivre dans l’utilisation de l’eau des puits ;
- Que soient menées des investigations complémentaires sur la nature et l’étendue de la pollution des puits du quartier et au-delà.
Trop c’est trop ! Nous continuons d’exiger des Plans de Surveillance Environnementale prescrits aux industriels qui nous entourent et de vraies contraintes pour préserver notre environnement et notre santé.
Vivre à Méan-Penhoët
21 septembre 2023
[2] cf. page 47 du rapport de la DREAL